L’expérience du Mali en matière de réforme GFP partagée !

Organisé par la Banque Mondiale à travers le secrétariat du PEFA, le  lancement virtuel du premier Rapport mondial sur la gestion des finances publiques, a eu lieu ce  18 février 2021. 

Faut-il  rappeler que les objectifs ambitieux du développement durable, qui sont maintenant menacés enraison de la pandémie de la COVID-19, ont mis davantage l'accent sur l'importance d'une gestion efficace      

article1et efficiente des finances publiques (GFP) dans la réalisation des objectifs politiques. Pour contribuer à cet agenda mondial, le Secrétariat PEFA (Dépenses publiques et responsabilité financière) a capitalisé sur la vaste base de données de rapports PEFA dont il dispose pour produire le premier rapport mondial sur la gestion des finances publiques.  

Lorsque des données sont disponibles, le rapport utilise des visualisations interactives, de brèves analyses et des exemples de pays pour mettre en évidence les changements de performance dans la GFP aux niveaux mondial, régional et national, ainsi que dans le temps et dans les domaines clés du cycle budgétaire. Il complète le débat international sur les réformes de la GFP en offrant un aperçu complet de l'évolution des pratiques de GFP et de leur relation avec les initiatives de gouvernance pertinentes, telles que l'égalité des sexes.

Cet événement virtuel a vu la participation des praticiens de la réforme GFP, des responsables politiques, des chercheurs et des partenaires au développement pour une discussion sur le rôle de la GFP dans le 21ème  siècle post-COVID, soulignant en quoi les données de la GFP peuvent être exploitées pour une meilleure élaboration des politiques.

Plus précisément, ce lancement  virtuel du Rapport mondial sur la gestion des finances publiques, a commencé par la projection  d’une  vidéo faite par le  Secrétariat PEFA, suivie d’une   présentation  qui  a  mis  en exergue les principales conclusions du rapport. 

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L’autre temps fort  a été la table ronde autour du Rapport Mondial. Animée et présentée par des sommités mondiales en finances  publiques,  ce  premier forum virtuel  sur la gestion des finances  publiques a servi  de cadre  pour engager la réflexion sur l’avenir de la réforme GFP, à  travers cet enjeu majeur, à savoir, « tirer parti des données pour une meilleure formulation des politiques ».  Il s’agissait ainsi   pour les  trois panélistes retenus, tous des orfèvres en matière de  gestion des finances publiques, de partager leurs vécus et d’alimenter ainsi le débat avec le public invité.

Le Mali  a été à l’honneur à ce premier lancement virtuel du Rapport mondial sur la gestion des finances publiques. Une participation  assurée  en tant que panéliste par Monsieur Abdoulaye TRAORE, cadre au Ministère de  l’Economie et des Finances, Coordinateur de la Cellule d’Appui à la Réforme des Finances Publiques (CARFIP).

Les deux autres panélistes étaient :

  • Mme Hélène Barroy, Expert principal en finances publiques, Département de la gouvernance et du financement des systèmes de santé, Organisation mondiale de la santé;
  • Nicolas Lecrivain, Chef de projet Gouvernance financière, Direction des opérations de l’AFD

Pour rappel, la modération était assurée par M. Benedikt Madl de la Commission de l’Union Européenne.

Nous vous présentons l’intervention de M. TRAORE à travers les questions/réponses.

  • Question : Des investissements substantiels sont réalisés pour renforcer les systèmes d'information de la GFP. Les gouvernements en ont-ils pour leur argent ? Comment pensez-vous que le rôle de la technologie PFM (par exemple, IFMIS, eProcurement, systèmes basés sur le cloud, etc.) émergera dans le monde post-COVID19 ?

Reponse M. Abdoulaye Traore, Coordinateur CARFIP/ Mali

C’est difficile de répondre par l’affirmative tant les effets induits par ces genres de réformes prennent du temps à se matérialiser. Pour le cas du Mali, nous avons fait le choix « de la politique des petits pas », c’est-à-dire développer des applications métiers par Grandes Directions pour ensuite mettre en place des interfaces entre elles. Ce processus est toutefois impacté par les effets de la crise sécuritaire et de la Covid-19.

Les applications métiers utilisées au Mali sont au nombre de sept (05)  pour le volet Dépense et de trois (03)  pour le volet Recette.

S’agissant du rôle de la technologie dans le monde post-COVID19, j’estime qu’il sera prépondérant surtout pour le cas du Mali où les actions dans le domaine vont s’amplifier à travers :

  • la dématérialisation intégrale du système de passation de marché : Créer une égalité de chance entre les acteurs de la commande publique sur l’ensemble du territoire national et assurer la transparence et la sécurité du système ;
  • la mise en place d’un Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFP).
  • article3Question de suivi : La hiérarchisation des réformes est un terme cliché qui existe depuis des décennies. Mais il ne semble pas y avoir d’approche viable pour établir les priorités. Comment voyez-vous ce scénario émerger dans le monde post-COVID19 ?

Réponse M. Abdoulaye Traore, Coordinateur CARFIP/ Mali

C’est vrai que la hiérarchisation des réformes est un terme cliché mais le Mali, mais il est primordial, dans l’élaboration de tout Programme de Réforme GFP, de tenir compte de certains facteurs endogènes et exogènes. C’est pourquoi le Mali, dans le cadre de l’élaboration de ses différents Programmes de Réforme GFP, a toujours fait le choix de respecter certains standards dans la priorisation des activités au regard de la rareté des ressources et de l’appartenance du Mali à des espaces communautaires. A cet égard, trois approches sont utilisées : (i) l’approche par les normes ; (ii) l’approche par les engagements communautaires et (iii) l’approche par l’effet de développement.

Ces différentes approches sont partagées par les Partenaires Techniques et Financiers en ce sens que le Programme de Réforme GFP constitue le cadre fédérateur de l’ensemble des réformes dans le domaine des finances publiques et représente un document de référence pour l’ensemble des acteurs concernés y compris les Partenaires Techniques et Financiers.

Il en va de même de l’utilisation des différents outils diagnostic pour soutenir la réforme GFP. L’opportunité de leur utilisation est appréciée par le Gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre des programmes de réforme GFP. A ce propos, le PEFA est l’outil diagnostic clé utilisé par le Mali. Il constitue un document de dialogue avec l’ensemble des partenaires.

Une équipe d’auto-évaluation a également été mis en place (Décision n°2018-0065/MEF-SG du 10 mai 2018) et le premier rapport élaboré à cet effet est disponible sur le site du Secrétariat PEFA et de la CARFIP.

 L’intérêt pour le Mali de conduire des auto-évaluation PEFA est motivé par : (i) la nécessité de permettre, au besoin, l’identification de nouvelles activités pour corriger les insuffisances de la mise en œuvre du Programme de Réforme GFP ; (ii) la volonté de développer une expertise locale capable de mener une évaluation PEFA conformément aux normes édictées en la matière et (iii) enfin la nécessité de promouvoir une culture de la pratique de l’exercice PEFA au sein de l’administration malienne. En perspective, les efforts de priorisation vont se renforcer au regard des effets de la crise sécuritaire et de la Covid-19.


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